Les perturbateurs endocriniens sont un sujet émergent de santé publique. Ils sont pointés du doigt pour leurs effets nocifs sur notre santé, mais aussi sur celle de notre descendance. Enceinte, vous êtes particulièrement sensible à ces problématiques, pour assurer le meilleur développement pour votre bébé. Revenons un peu en arrière. Que sont les perturbateurs endocriniens ? Quels sont leurs risques ? Où les trouve-t-on ? Et surtout, quelle prévention adopter ? 
 

L’OMS a défini les perturbateurs endocriniens en 2002 comme "une substance exogène ou un mélange qui altère la/les fonction(s) du système endocrinien et, par voie de conséquence, cause un effet délétère sur la santé d’un individu, sa descendance ou des sous-populations".
Les perturbateurs endocriniens vont donc perturber votre système hormonal, en agissant selon plusieurs mécanismes. Ils peuvent ainsi imiter ou bloquer l’action d’une hormone, perturber sa production, son transport, son élimination ou sa régulation.

Les perturbateurs endocriniens sont partout, et leurs modes de contamination sont multiples. La contamination peut se faire par ingestion (eau, alimentation), par inhalation (air extérieur et intérieur), par passage cutané (crèmes, cosmétiques). Attention, ils passent aussi la barrière placentaire et dans le lait maternel. Votre bébé est ainsi également contaminé par les perturbateurs auxquels vous êtes exposée.

Les perturbateurs endocriniens agissent différemment des autres substances toxiques « classiques ». Leurs effets ne semblent pas forcément liés à la dose reçue par un individu. En effet, plus que la dose d’exposition, ce sont la période et la durée d’exposition qui importeraient le plus pour évaluer leurs dangers. Ainsi, une exposition à faible dose de façon chronique serait plus dangereuse qu’une exposition à forte dose de courte durée. 

Il existe des « périodes de vulnérabilité » correspondant aux périodes durant lesquelles les tissus et organes sont en développement. Les périodes de la grossesse et de l’allaitement sont donc des périodes de forte vulnérabilité pour votre bébé.

Il est une catégorie de perturbateurs endocriniens dont les conséquences peuvent être majeures pour votre bébé. Il s’agit des perturbateurs thyroïdiens. Ils vont interagir avec les hormones thyroïdiennes, qui sont indispensables au développement cérébral normal de votre bébé. L’exposition aux perturbateurs thyroïdiens pendant votre grossesse ou votre allaitement peut ainsi avoir des conséquences lourdes pour lui, comme des troubles du développement neurocognitif (anomalies de la mémoire, troubles du langage, troubles du comportement tels que des troubles de l’attention ou hyperactivité, anomalies motrices). 

Comment les éviter ? Quelle prévention adopter pour vous et votre bébé ?

Les perturbateurs thyroïdiens peuvent se trouver partout autour de nous. Ils peuvent être d’origine naturelle :

• Soja (phyto-œstrogène)
   
• Tabac (thiocyanate, cadmium)

Ou d’origine synthétique :

• Emballages et contenants en plastiques (phtalates, Bisphénol A) : emballages alimentaires, revêtement intérieur des canettes et boîtes de conserves
   
• Pesticides et produits phytosanitaires (organochlorés)
   
• Retardateurs de flammes : utilisés dans les textiles, les matelas, les meubles  agglomérés
   
• Solvants : peintures, meubles, vernis, colles
   
• Produits ménagers (nonylphénols, triclosan)
   
• Cosmétiques, produits d’hygiène corporelle (additifs)
   
• Métaux lourds

Bien évidemment, la première mesure à adopter est d’éviter autant que possible votre exposition à ces perturbateurs.
Pour cela, voici ce qu’il faut éviter :

• Le tabac
   
• Les plats industriels riches en conservateurs et colorants
   
• Les canettes, boites de conserves, emballages plastiques, mais préférer les contenants en verre, et les aliments frais ou surgelés
   
• Réchauffer les aliments au micro-ondes dans un contenant en plastique à cause du relargage des composants plastiques dans la nourriture. 
   
• Les travaux de peinture pendant la grossesse

Ce qu’il faut limiter : 

• L’utilisation de produits cosmétiques.
   
• L’utilisation des produits d’entretien
   
• Les aliments riches en métaux lourds 

Et ce qu’il faut faire : 

• Préférer les produits avec label bio (produits d’entretiens, cosmétiques, aliments, jouets) 
   
• Éplucher les fruits et légumes, et préférer les aliments frais ou surgelés
   
• Aérer régulièrement les habitations (l’air intérieur est souvent plus pollué que l’air extérieur à cause du relargage des produits d’entretien, des peintures, des mobiliers, des insecticides) 
   
• Laver les vêtements et les jouets avant de les utiliser

Associée à ces dispositions, dans le but de limiter les effets de cette exposition, il existe une mesure simple : la supplémentation systématique en iode, dès le début et tout au long de votre grossesse et de votre allaitement.
En effet, l'iode contribue à la production des hormones thyroïdiennes et au fonctionnement normal de la thyroïde. Il s’agit donc ici de favoriser un statut thyroïdien normal afin de limiter l’impact des perturbateurs thyroïdiens qui seront ainsi moins à même de venir interférer sur votre système thyroïdien et celui de votre bébé. Parlez-en à votre médecin, sage-femme ou pharmacien qui pourra vous conseiller des compléments alimentaires adaptés.